you've got the love. (w/safia)

Safia&Clay

La journée de travail de Clay se terminait. Enfin presque, car souvent, il continuait de travailler même rendue chez lui. Mais depuis quelques temps, et même peu avant le mariage, il avait décidé de réellement se poser une fois qu'il retournait chez lui car Safia lui avait déjà dit qu'il bossait beaucoup trop. Était-ce un compliment ou une remarque ? Il n'en savait rien mais il avait pu s'en rendre compte, et devait profiter tant que son père était encore à la direction de Browning Hotels, même si d'un autre côté, il devait lui montrer encore et encore les preuves qu'il était pleinement apte à diriger un tel empire. Une fois déposé devant sa maison puisqu'il avait un chauffeur privé, Clay ouvrit la porte non fermée à clé. Safia était donc bel et bien là. Il déposa sa veste sur le porte-manteau et se rendit directement dans le salon où il vit sa femme. - Bonsoir madame Browning. Il adorait l'appeler ainsi, et c'en était désormais presque une routine dès qu'il revenait du travail. Il se pencha vers elle pour l'embrasser furtivement, s'asseyant ensuite à côté d'elle sur le canapé. Il avait beaucoup de mal avec elle en ce moment. En fait, il avait du mal depuis qu'il avait fait l'horrible connerie de la tromper la veille de leur mariage, pour ensuite se rendre compte qu'il avait couché avec Ebba, sa sœur. Il n'aurait jamais dû faire cela, et il n'arrivait pas totalement à faire comme si de rien n'était. Pourtant, il devrait être habitué, ce n'est pas la première fois qu'il trompait une fille, mais Safia, elle était différente. Cela faisait quatre ans qu'il était avec elle, un vrai miracle beaucoup lui disent. Et il réussissait encore à tout ruiner. Bien sûr, elle n'en savait rien, et n'en saurait probablement jamais rien. En tout cas, il l'espérait fortement. Il faudrait déjà qu'il oublie lui-même ce qu'il avait fait. - Comment était ta journée ? Il fallait qu'il fasse comme si tout allait bien, car certains jours depuis le mariage, il était moins présent, physiquement et moralement. Parfois, il revenait très tard et d'autres fois, il zappait complètement Safia. En bref, il ne savait même pas comment lui serait suivant le jour.

Elle s'était avachie sur le canapé, fatiguée de sa journée même si elle n'avait pas fait grand chose. Le seul avantage d'être encore stagiaire c'est que les obligations de travail ne sont pas les mêmes, et ils n'avaient pas eu besoin d'elle au cabinet et lui avaient donné sa journée de repos. Elle avait autant navigué sur Internet que dans les grandes avenues de Boston pour trouver un nouveau coup de foudre qui pourrait ornementer la maison qu'elle venait de rejoindre. À présent leur maison. Le foyer dont elle avait toujours rêvé, un but qui se concrétiser avec celui qu'elle considérer comme son meilleur ami. C'est en s'arrêtant dans un vieux magasin de dépôt, que la jeune femme vit ses yeux se poser sur un éléphant de bronze, tâché par le temps. Aussi lourd soit-il et à pieds qu'elle était venue, elle souleva le précieux objet jusqu'à son nid douillet et déposa son paquet directement dans l'entrée. Elle s'affala sur le canapé, une télé réalité en fond mais attrapa le livre entamé et corné qui se trouvait sur la table basse. Cela ne faisait pas si longtemps qu'elle avait emménagé, cette nouvelle vie ne faisait que commencer, mais elle se sentait chez elle, elle avait rapidement trouvé sa place dans la vie de Clay, officiellement. La jeune femme vivait sur un petit nuage depuis le mois dernier, depuis qu'elle avait enfin pu enfiler sa belle robe blanche sous le regard de son père, de sa soeur, et certainement de sa mère là-haut. Safia adorait pouvoir être appelée Madame principalement par celui avec qui elle partageait sa vie. Quand les lèvres de Clay vinrent se poser sur les siennes, elle esquissa un sourire et recorna la page de son roman pour le reposer. Il n'y avait que pour lui qu'elle pouvait interrompre ses lectures. “ Comment était ta journée ? ”  “ J'ai réussi à occuper la plupart de mon temps et la tienne ? ” Elle ramena ses pieds sous ses fesses comme pour s'agenouiller sur le sofa et adossa sa tête contre le dossier. Elle ne se lasserait jamais de le regarder et encore plus quand il portait un costume. C'était sa grande faiblesse. Elle savait qu'il travaillait dur, contrairement à elle qui avait la belle vie en ce moment, mais elle ne lui en voudrait jamais, et ne pouvait pas se le permettre avec la pression qu'il subissait au quotidien. Même si elle ne supportait pas de se coucher toute seule, et préférait l'attendre jusque tard dans la nuit sur ce même canapé. “ Si tu savais, j'ai trouvé un truc magnifique, et j'ai du le porter jusqu'ici alors, si tu pouvais me le porter pour le mettre en place, tu serais un amour. ” Elle affichait un grand sourire innocent auquel on ne peut pas dire non, avec une étincelle de malice dans les yeux. En même temps, elle n'avait jamais fait de sport de sa vie, donc porter quelque chose de plus de cinq kilos lui était impossible ou alors lui demander un effort surhumain. Elle détendit ses jambes et attrapa la main de Clay pour en tracer et toucher les moindres détails. Elle ne pouvait se passer de contact physique. “ Et tu veux manger quoi ce soir ? ”

S'il était le successeur de l'entreprise, c'était bien parce qu'elle avait été fondé par son grand-père et que son père avait ensuite repris les rênes. Naturellement, Clay était donc celui désigné pour reprendre à son tour l'affaire. Et il en était honoré, fier de voir qu'on pouvait lui faire confiance. Mais le fait qu'il soit le fils de James Browning n'en était pas forcément plus simple justement car il devait encore plus prouver qu'on pouvait avoir confiance en lui, qu'il n'allait pas tout gâcher, qu'il en était capable et qu'il n'allait pas simplement avoir la direction grâce à son nom de famille. Cette entreprise de chaîne hôtelière était donc familiale et Clay espérait que son enfant, s'il en a évidemment, suivrait la logique de continuer ce qui a été entrepris même si bien sûr, il n'obligerait rien. - J'ai réussi à occuper la plupart de mon temps et la tienne ? - Comme d'habitude, beaucoup de travail. Mais ce n'était pas forcément une plainte de dire cela, pas en ce moment. C'est pourtant certain que certains jours, il aimerait ne pas avoir tant de responsabilités, tant de travail mais la plupart du temps, il aime ce qu'il fait. - Si tu savais, j'ai trouvé un truc magnifique, et j'ai du le porter jusqu'ici alors, si tu pouvais me le porter pour le mettre en place, tu serais un amour. Le jeune homme était heureux qu'elle soit à l'aise dans cette maison, que celle-ci ne soit plus seulement celle de Clay mais aussi celle de Safia. Et elle trouvait toujours un moyen de la personnaliser, cela lui plaisait toujours. Sa maison, il y habite en fait depuis qu'il est parti de chez sa père et son père, c'est-à-dire il y a très longtemps. Et elle était bien trop grande pour lui seul, même si ça ne lui déplaisait pas non plus. Safia était bel et bien la première femme à emménager chez lui. Il n'aimait d'ailleurs pas quand les autres relations d'auparavant restaient trop longtemps chez lui. C'était son nid douillet, et désormais, le leur. - Ok, tu as juste à me dire où il est et où je le pose. De toute façon, même si elle ne lui avait pas fait ce regard, il l'aurait tout de même fait, Clay n'était pas si paresseux que ça. - Et tu veux manger quoi ce soir ? Elle lui caressait la main et Clay appréciait. Pourtant, avant de la rencontrer, il n'était pas si tactile que cela mais il s'y était fait et c'était maintenant tout bonnement naturel. - Ce que tu sais faire de mieux. Clay ne cuisinait que très rarement, Safia étant bien meilleur cuisinière et sinon, il mangeait des plats prêts.

Elle affichait toujours ce sourire béat aux lèvres, avec une certaine douceur dans son regard verdoyant. Elle aurait voulu se blottir contre son épaule mais quelque chose semblait l'en empêcher. Comme si elle savait que ce n'était pas le bon moment. Elle retarda alors son mouvement et préféra se lever pour se diriger vers la cuisine. La jeune femme avait ce pressentiment, un lourd pressentiment qui pesait sur l'atmosphère. Elle ouvrit le frigo et resta plantée devant durant quelques minutes, ses neurones s'étant arrêtés de fonctionner, son corps s'était comme mis en pause. Quelque chose ne tournait pas rond. C'est cette vague d'émotions qui fit remonter à la surface ce qu'elle devait absolument lui dire, dont elle avait complètement fait obstruction toute la journée. Elle ne voulait pas y penser, elle ne voulait pas en parler car elle savait que ça finirait en carnage, que ce n'était pas le moment propice. Même si ça la rongeait de l'intérieur, elle ne pouvait pas vivre avec un poids aussi important sur les épaules ou dans ce cas, sur le ventre. Ils n'en avaient jamais parlé, jamais abordé le sujet sérieusement mais il devait savoir qu'elle voulait des enfants, et elle avait de se douter que lui aussi. Des enfants seraient l'aboutissement d'une vie comme dans les contes de fées, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Quand elle entendit un son venant de derrière elle, Safia secoua légèrement sa tête pour reprendre ses idées et ferma brusquement la porte du frigo. Pour tout dire, ses mains avaient lâché prise. “ Chéri, qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai l'impression que t'es ailleurs. ” Elle se sentit autant ailleurs que lui. C'était surtout elle qui ne tournait pas rond. La belle rousse souffla un bon coup, discrètement, pour reprendre ses esprits. Ce n'était pas la personne la plus à l'aise avec de telles situations. Ce n'était pas une piètre menteuse mais elle détestait le fait de mentir ou de cacher quelque chose à quelqu'un, si plus est qu'il était lié à elle. Safia s'adossa sur le plan de travail, regardant le sol impeccable. “ Tu voudras pas venir m'aider un soir l'étude ? ” C'était son passe-temps. Autant il y en a qui sont doués pour la musique, elle était douée pour donner de son temps et aider les autres et particulièrement les enfants comme une bonne citoyenne. C'était surtout pour apporter le sujet sur la table, pour voir si il serait capable de supporter des enfants de primaire durant une heure et demie. C'était l'un des aspects qu'elle ne connaissait absolument pas chez Clay, même si elle le connaissait depuis l'enfance.

Toujours assis sur le canapé, il se pencha légèrement en avant lorsque Safia se dirigea vers la cuisine, les coudes appuyés sur ses cuisses et ses mains se frottant contre son visage. Il était quelque peu épuisé en ce moment, mais ne le montrait pas et ne voulait pas. Car à vrai dire, il n'y avait pas que le boulot, c'est simplement ce qu'il voulait faire croire, la seule chose qu'il pouvait dire. Autre chose le tracassait, et ça n'arrivait que très rarement. - Chéri, qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai l'impression que t'es ailleurs. Oh oui, ce n'était pas qu'une impression, il était parfois réellement ailleurs. - Ne t'inquiètes pas, c'est rien, juste le boulot. Il remettait le travail sur le tapis, toujours et encore pour excuse. Il ne se rendait même pas compte que la jeune femme rousse avait elle aussi quelques préoccupations. - Tu voudras pas venir m'aider un soir l'étude ? Safia était bénévole et il en était ravie, car elle était heureuse de le faire. Mais très peu pour lui. - Je ne sais même pas si j'aurais le temps. Et puis, je ne suis pas à l'aise avec les enfants. En clair, il n'avait absolument pas envie de faire cela, et il ne voulait pas se forcer. Elle le connaissait sans doute, il ne changeait que très rarement d'avis. Et puis de toute façon, il ne serait pas d'une très grande utilité et ne se verrait absolument pas là-bas. - Mais je sais qu'ils ont de la chance de t'avoir. Il lui souriait légèrement, se levant en même temps et il la regardait tendrement. Clay l'attira vers lui en lui prenant sa main et vint l'embrasser sur le front, ses deux mains sur ses cheveux roux. Il faisait souvent cela quand il voulait éviter une conversation et qu'elle se termine. Ça ne l'intéressait pas, point.

Son sourire s'était effacé depuis quelques minutes déjà. Elle reposait tout son poids sur le plan de travail qui aurait pu s'écrouler à chaque seconde vu le poids de la culpabilité qu'elle y faisait reposer. “ Et puis, je ne suis pas à l'aise avec les enfants. ” Cela lui fit comme un électrochoc. Son coeur vibra rapidement puis s'arrêta quand elle entendit la fin de la phrase. C'était pas possible, ce n'était absolument pas possible, qu'il lui dise ça aussi calmement, aussi sereinement. C'était une brique que l'on venait d'enlever au délicieux mur de rêve qu'elle s'était construit avec Clay. Aucun mot ne lui vint à la bouche, ses cordes vocales refusant de vibrer. Elle garda tout de même la bouche fermée, le regard au sol, comme si la phrase ne l'avait pas atteinte, malgré son teint qui se décomposait. “ Mais je sais qu'ils ont de la chance de t'avoir. ” Bien sûr qu'ils avaient de la chance de l'avoir. Quelqu'un qui se donne corps et âme pour leur faire comprendre que non trois fois trois ça fait pas six. Son cerveau commençait à bouillonner, à se mettre hors de lui. Dans une bande dessinée, on aurait vu de la fumée lui sortir par les oreilles. Le contact de Clay sur sa hanche et le fait de le sentir près d'elle l'apaisèrent un peu et fit redescendre sa tension. Safia aurait voulu que ses lèvres se posent autre part que sur son front brûlant. La jeune femme ferma les yeux, laissant s'emporter par le rythme cardiaque de celui qui la tenait contre son torse. Les quelques palpitations qui lui restèrent, reprirent un rythme normal et elle pu enfin rouvrir les yeux et réintégrer la réalité. “ Non mais tu peux pas. ” Sa voix commença à trembler, les mots qui sortaient de sa bouche s'étaient pas tout à fait clair, ni alignés, elle bégayait. Elle se dégagea de cette étreinte étouffante. Elle n'arrivait plus à respirer correctement. “ Comment ... Comment tu ne peux pas être à l'aise ... ” Safia glissa sur le côté pour ne plus lui faire face et traversa la pièce, le regard plus bas que terre vers la terrasse pour prendre un grand bol d'air frais et lui faire retrouver les idées claires.

Il voulait la garder, Safia. Il souhaitait vraiment pouvoir rester avec elle aussi longtemps qu'ils le puissent. Il n'espérait pas qu'ils restent ensemble jusqu'à leur mort, non, il ne croyait pas vraiment aux couples qui durent toute une vie, ça n'existe plus de nos jours. Mais le plus longtemps possible en tout cas. Ils ne savent pas ce que l'avenir leur réserve de toute façon, il préfère se laisser porter et voir au jour le jour. Mais ces temps-ci, il n'était plus sûr de rien. Pourrait-il durer toute une vie marié avec elle en lui cachant ce secret ? Sans doute que oui, il en était capable. Ou peut-être que non, il ne pourrait vivre tranquillement. - Non mais tu peux pas. Suite à ces mots, sa femme retirait son visage des mains de Clay. - Comment... Comment tu ne peux pas être à l'aise... La réaction de Safia l'étonnait. Il savait que son bénévolat comptait pour elle mais pourquoi voulait-elle absolument que Clay en fasse de même ? Il fronçait les sourcils, ne comprenant pas ce qui lui prenait. - Pourquoi tu réagis comme ça ? Suite à cela, il alla se chercher une bière dans le frigo, comme il le fait souvent. Décapsulée, il en avala quelques gorgées, gardant la bouteille en verre dans sa main. Puis, il rejoignit la rousse s'arrêtant avant la baie vitrée ouverte. - Ce n'est pas si grave, Safia. Il lui laissait son espace, ne s'approchant pas et restant à sa position. - Je suis sûr que tu peux demander à d'autres personnes de t'aider. Pourquoi pas Daisy, tiens ? Après tout, Daisy était sa meilleure amie, elle voudrait peut-être. Enfin, il ne savait même pas si elle aimait les enfants. Mais Safia devait comprendre qu'il n'avait pas forcément envie de faire ce bénévolat. Ces deux-là étaient très différents, n'avaient pas les mêmes envies et c'était très bien ainsi. Ils n'ont pas besoin de faire les mêmes choses après tout.

Elle savait jouer la comédie, elle savait comment régir mais il n'en était rien pour l'instant. la scène tournait au mélodrame comme elle en avait le secret, comme elle adorait le lire dans ses romans anglais où normalement les histoires finissaient tragiquement. A prendre comme exemple, Pride and Prejudice. L'air s'engouffra dans sa bouche par grandes bouffées pour longer sa trachée et venir combler le vide de ses poumons. Son teint avait rougi avec le froid qui faisait dehors et la chaleur de la maison. Elle était trop émotive, et elle avait dépassé ses limites ce soir. Si elle avait eu un peu plus de pression, elle aurait totalement fondue en larmes au moindre mot qu'il aurait prononcé. La jeune femme sentait que Clay était derrière elle, mais assez loin pour qu'elle n'ait pas à se soucier de l'emprise qu'il avait sur elle. Elle était faible face aux hommes, surtout face à Clay, elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle ne pouvait pas être en colère contre lui, elle ne l'avait jamais été, elle l'aimait beaucoup trop pour ça. Elle l'aimait trop, et c'était peut-être son problème. Elle donnait trop de sentiments, d'importance aux personnes qui l'entouraient. “ Pourquoi tu réagis comme ça ? ” Safia ne daigna même pas répondre, car elle même ne savait pas pourquoi elle réagissait comme ça. Il avait remarqué qu'elle n'était pas dans son état normal, il la connaissait trop bien pour y accorder peu d'importance. “ Ce n'est pas si grave, Safia. ” Si, et si c'était grave, elle avait besoin d'exagérer pour qu'il comprenne à quel point elle y tenait. Elle se tourna vers lui, les bras croisés sur la poitrine pour empêcher son coeur de s'échapper. Elle venait de passer de la plus grande colère à une immense tristesse en l'espace de quelques minutes. Cela ne servait absolument à rien qu'elle se comporte ainsi, il ne se doutait de rien, elle seule était au courant et c'est une chose qu'il n'aurait jamais pu deviner. “ ...Pourquoi pas Daisy, tiens ? ” Ses oreilles s'étaient comme fermées jusqu'à ce qu'elle entende le prénom de sa meilleure amie. Cette dernière était beaucoup trop froide et impatiente pour travailler avec des enfants comme le faisait Safia. C'était un travail épuisement mentalement de devoir toujours rabâcher la même chose durant des heures. “ Elle ne supporte pas les enfants ... ” Sa voix était pleine de dépit, elle était comme lassée qu'il ne comprenne pas ce qu'elle attendait de lui. Mais elle n'était pas claire, elle le savait. Il fallait qu'elle utilise des mots justes, clairs, précis, qui allaient rentrer dans son cerveau et y rester pour longtemps. “ De toute façon, il va falloir que tu apprennes à supporter des enfants. ” Elle avait enfin commencé à aborder le sujet, peut-être pas de la façon qu'elle espérait, mais elle avancer doucement vers le bout du tunnel, ayant fini sa crise. Il était posé devant elle, tellement tranquillement, qu'elle espérait que l'idée lui monte à la tête. La belle rousse commença à relever doucement les yeux pour atterrir dans ceux bleus du jeune homme, en attendant une émotion, une réaction. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il comprenne qu'elle était enceinte, mais que l'éventualité d'avoir des enfants était chère à Safia. “ J'ai ... je ... ” Elle perdait du temps ou alors elle en gagnait, en attendant que Clay daigne dire quelque chose ou fasse quelque chose.

- Elle ne supporte pas les enfants... Il s'en doutait un peu à vrai dire, ça ne l'étonnait pas. Mais au moins, en disant cela, il montrait qu'elle pouvait demander à n'importe qui d'autre que lui et qu'au final, il n'y avait pas que lui qui refuserait et qui ne souhaitait pas s'occuper d'enfance. Etre en présence de gamins ne le dérangeait pas, mais s'en occuper était une chose bien différente. Ce n'était pas pour lui. Et ce n'est pas parce qu'elle lui demandait gentiment qu'il allait accepter. Peu importe la façon dont elle le lui demandait d'ailleurs, l'issu aurait été la même. Non. Bien sûr, il était plus tendre dans ses mots, moins brusques, mais cela signifiait la même chose. Et puis, ce serait comme si elle lui demandait de l'aider pour la décoration d'intérieur d'un des clients dans l'entreprise dans laquelle elle est stagiaire. Il ne serait d'aucune aide. Inutile. Il serait au mieux, posté un peu plus loin, en train de la regarder. Et il reviendrait probablement avec une migraine dû aux cris des enfants. Mais il n'avait pas besoin de cela, il n'aimait pas, ce n'était pas son truc. - De toute façon, il va falloir que tu apprennes à supporter des enfants. Il restait planté dans sa position actuelle, essayant de comprendre le sens de sa phrase. Mais il pouvait y avoir tant de significations. Mais il pensait avoir bien compris ce qu'elle voulait dire par là. - J'ai... je... Plusieurs secondes de silence, où il ne bougea pas, pour finalement poser sa bière sur la table basse un peu plus loin de salon, s'éloignant légèrement de Safia. Il se retourna vers cette dernière, soupirant presque silencieusement. - Je me doute que tu veux des enfants. Ils n'avaient jamais eu cette discussion à propos des enfants, mais le sujet était arrivé dans leur discussion. Il y avait souvent pensé, de plus en plus souvent, surtout avant le mariage car après, il avait un peu zappé tout cela. - On vient tout juste de se marier, Safia, alors tu imagines bien que les enfants, ce n'est pas ma priorité en ce moment. Et pas son envie non plus. - Peut-être un jour. Une simple hypothèse. Il savait bien que ce n'était peut-être pas ce qu'elle voulait entendre mais il fallait qu'elle le sache. Clay avait un visage neutre, inspirant une grande bouffée d'air. Il ne pensait pas qu'elle allait parler si tôt des enfants. Mais malheureusement, même dans cinq ans, il ne se voyait pas avec des enfants, déjà qu'il avait du mal en ce moment avec Safia, vis-à-vis de ce qu'il lui avait fait dans son dos.

Il s'éloignait, il s'éloignant au chaque fois qu'elle essayait de lui dire. Elle avait comme l'impression qu'il la fuyait. Tout se bousculait tellement dans sa tête, qu'elle aurait pu croire n'importe quoi, déformer n'importe quoi. Il était tellement calme et serein, alors qu'elle était devenue une boule de nerfs et de stress, s'en était presque déconcertant pour la jeune femme. ” ... enfants, ce n'est pas ma priorité ... “ Elle le savait, elle s'en doutait et c'est pour ça qu'elle était dans un tel état. Rien qu'en le voyant on savait que ce ne serait un père de famille. Et son "peut être" confirmé alors ce qu'il venait de dire. Il savait qu'elle n'était pas d'accord avec lui, et ça ne lui faisait absolument rien. Clay était très doux dans ces propos avec Safia et elle lui en était reconnaissante. Mais il gardait toujours cet air impassible, comme si ils étaient dans son bureau, en pleine réunion.  ” Comment tu fais pour ne pas ressentir ce que je ressens ... “ Son ton était plein de tristresse et de désespoir. Elle se rapprocha de l'homme qui était son mari pour chercher de l'émotion, pour entendre battre son coeur près d'elle comme elle adorait le faire, la tête posée sur sa poitrine. Mais elle n'osa pas un contact aussi intime. La belle rousse se contenta de poser sa main pâle, ornée d'un gros diamant, qui se souleva au rythme cardiaque du jeune homme. Ce n'était pas de sa faute, elle était très méticuleuse, elle n'avait jamais oublié une seule pilule et toujours à la même heure mais son médecin lui avait dit, le cent pour cent n'existe pas, il y a des failles. Mais elle sentait quand même que c'était de sa faute, que c'est elle qui allait devoir encaisser. ” J'ai du retard ... Assez pour ne pas avoir de questions à se poser. “ Elle se tut au partir de ce moment là.

- Comment tu fais pour ne pas ressentir ce que je ressens... Ils n'étaient pas d'accord, ne partageaient pas les mêmes envies et il ne trouvait absolument pas cela anormal. Elle voulait des enfants, probablement. Il le comprenait parfaitement. Lui, n'en voulait pas, pas maintenant en tout cas. Elle devait elle aussi, essayer de le comprendre, cela devait être réciproque. Et puis, elle ne devrait pas être si étonnée, elle le connaissait depuis très longtemps. Elle l'avait connu en tant qu'homme à femme aussi. Il savait qui il était. Il avait réussi à changer ce trait-là de chez lui et elle pouvait déjà en être très fière. Alors que lui-même avait préféré s'éloigner, se disant que s'il avançait, elle le repousserait sans doute, c'est elle qui vint vers lui et posa sa main sur lui. Il aurait pu l'enlacer, la prendre plus contre lui. Mais elle continua à parler, ce qui stoppa tout geste. - J'ai du retard... Assez pour ne pas avoir de questions à se poser. Il eut un moment de néant, il ne bougeait pas, ne réagissait pas. De longues secondes s'écoulaient. Avait-il bien entendu ? Il ne s'était pas du tout attendu à cela. Absolument pas. Il pensait simplement qu'elle avait amené cette discussion pour savoir ce qu'il pensait d'avoir des enfants, s'il en voulait ou non. Mais pas qu'elle en avait déjà un grandissant dans son ventre. Ils n'en avaient jamais parlé en plus de cela, alors que cela était une discussion à aborder vraiment sérieuse. - Tu es enceinte ? Oh oui, il avait bien compris qu'elle l'était mais il devait l'entendre dire de sa bouche, à haute voix, elle ne pouvait pas faire que sous-entendre. Il ne pouvait de toute façon rien dire d'autre, trop chamboulé, trop ahuri. Il avait le regard rivé sur celui de Safia, complètement immobilisé et attendant une réponse nette, précise et explicite.

Il l'avait dit. Il avait enfin posé la question fatidique mais elle savait qu'elle n'avait pas vraiment besoin de répondre. Mais elle se devait de le faire, pour se soulager, pour apaiser sa conscience. Sa main étant posée sur le torse de Clay, elle aurait même pu sentir son coeur défaillir lorsqu'il compris ce qu'elle se tuait à dire. Elle ressentait certes un grand soulagement, mais l'anxiété commença doucement à prendre le dessus, ne sachant pas si elle avait fait le bon choix. ” Oui. “ Son ton était plutôt calme, voire plat, sans émotions, ne voulant pas brusquer les choses. La jeune femme n'avait jamais imaginé cette scène comme cela dans sa tête, elle s'attendait à des pleurs de joie ou alors qu'elle lui saute dans les bras, tout pour témoigner du bonheur que ça leur procurer, mais depuis les minutes qui venaient de se passer, elle savait que ça ne pourrait pas être comme ça. Ce fut à son tour de reculer. Safia recula d'un grand pas, manquant de perdre l'équilibre, mais voulant absolument garder une certaine distance. ” Je n'aurais jamais imaginé que ça se passe comment cela. “ Elle continua à reculer, la tête basse rentrée dans ses épaules, les yeux rivés sur le parquet hors de prix, les pieds trainant, jusqu'à buter contre le dossier du sofa. Elle s'y appuya de ses mains tremblantes, ses jambes semblant défaillir à chaque secondes. Le silence était pesant, et chacun des deux jeunes gens pouvait le sentir. Il y avait cette tension que l'on pouvait toucher du doigt. ” Je t'en supplie ... dis quelque chose. “ Elle avait tellement envie qu'il rompe ce silence mais en même temps, elle en avait peur. Elle avait tellement envie de s'enfouir dans ses bras, de se sentir en sécurité, de faire comme si plus rien n'existait à part eux mais elle ne pouvait pas bouger. Elle aurait voulu que tout redevienne comme avant, comme il y a un mois, dans sa longue robe blanche, certainement le plus beau jour de sa vie, mais elle avait appris que l'on ne pouvait pas se défaire du présent.

Les parents de Clay l'avait toujours vu avec Safia. Ou plutôt, ils avaient toujours souhaité le voir marié avec Safia et faire sa vie avec elle. Elle était la belle-fille idéale pour eux, surtout que leurs parents étaient amis. Elle était donc une prétendante parfaite. Et voilà que leurs vœux s'étaient exaucés, sans que le jeune homme n'ait absolument tenu compte de l'avis de ses parents. Si elle ne leur avait pas plus, à l'un et à l'autre, ça aurait été exactement la même chose. Oui. Elle affirmait, confirmait. Il le savait déjà, mais ce fut comme un électrochoc. La main de Safia était posé contre lui et elle aurait sans doute pu entendre son cœur s'accélérer. - Je n'aurais jamais imaginé que ça se passe comment cela. Et lui non plus. Pas que cette conversation serait finalement aussi importante, qu'elle pourrait changer sa vie, sa relation de couple aussi. - Je t'en supplie ... dis quelque chose. Il n'avait en effet rien dit, sans doute sous le coup de la nouvelle mais il revint à la réalité, alors qu'il n'avait probablement rien entendu de sa seconde phrase. - Ce n'est pas possible..., murmura-t-il, plus pour lui-même que pour elle. Ses paroles n'étaient absolument pas contrôlées, mais sur le coup, ça ne lui avait que peu d'importance. - Tu l'as fait exprès ? Il savait pertinemment que certaines femmes arrêtaient volontairement la pilule sans prévenir leur mari. Et il ne savait plus quoi penser, il ne savait pas comment, pourquoi. - Et je... je suis le père ? Je. Père. Mot difficile à prononcer pour lui-même. Il ne voulait pas être père maintenant. De plus, il disait des choses durs à entendre, mais il avait besoin de savoir, d'être sûr encore une fois. Peut-être lui cachait-elle un autre côté de l'histoire. Il y croyait très peu, il ne la connaissait que trop mais il ne pouvait pas réellement savoir. - De combien ? De mois, sous entendus, il ne faisait pas de longues phrases, il n'en avait pas envie. Il s'adoucissait dans son ton, auparavant froid. Et puis, cela faisait beaucoup de questions à la suite, dont il attendait expressément les réponses. Mais elle voulait qu'il dise quelque chose, elle serait ravie.