(howling at the moon) - safia

T'as la tête en l'air, les yeux qui regardent les étoiles alors qu'il fait encore jour, le ciel est bleu et les rues sont bondées, un garçon comme toi, ça se perd vite. Tu connais la ville par coeur et pourtant, tu arrives toujours à t'y perdre. T'es comme un gosse qu'on a lâché en plein centre et qui tentes de se retrouver mais qui est distrait par tout ce qu'il voit. Il faut le dire, tu te laisses distraire par tout ce que tu vois, t'es éblouis par chaque bâtiment et chaque personne que tu peux croiser à Boston et cela ne va pas en s'arrangeant. Jamais. Tu te laisses bercer par la foule de gens, le bruit, tu l'aimes. Les gens qui parlent, d'autres qui sont pressés et encore d'autres qui rigolent avec leur compagnon. C'est beau à voir, ils ne se gueulent pas dessus et ne s'arrache pas les yeux, tu juges que c'est quelque chose de bien et de beau. Tu te fais bousculer, les yeux froncés, tu te tournes vers la personne en question. Un homme, plus âgé que toi. Tu grimaces et lui balances une multitude d'excuses. Tu n'es qu'une petite chose au milieu de tout cela. Tu aurais du emprunter les petites rues, ici, tu ne regardes pas où tu vas et tu bouscules les autres, tu t'attires els mauvais regards, mais tu préfères oublier. Tu continues d'avancer, toujours et encore. Les rues commencent à se vider petit à petit, bien que tu aimais la foule, cet espace te convient. C'est mieux, que tu te dis. Tu vois les gens, leurs visages, leurs sourires. C'est bien mieux que de voir les gens défiler dans la foule, en effet. Aujourd'hui, ton patron t'a donné un jour de congé. Tu ne travailles pas de la journée et pourtant, tu as refusé de la passer chez-toi. Toi, tu préfères sortir, prendre l'air et voir des gens. C'est ton truc, rester enfermer, ça craint, c'est chiant et pas amusant du tout. Tu pourrais aller voir Is, mais c'est trop loin et intelligent que tu es, tu n'as pas pris ton vélo. Tu n'aimes pas le métro et tu n'as pas de voiture. Ouais, légèrement dans la merde. Tu as donc abandonné l'idée, tu continues de longer les murs en essayant de trouver une idée de ce que tu pourrais faire de ta journée. Tes yeux vont de personnes en personnes, mais ils s'arrêtent rapidement sur la chevelure de feu que tu sembles reconnaître. Tu as connu une fille, la même couleur de cheveux qui te rendaient dingue et son sourire, son sourire qui te faisait tomber. Un sourire se posa sur tes lèvres en repensant à cette dite fille, les souvenirs remontaient et cela ne t'aidait pas à l'oublier, mais bordel, ce que tu l'aimais. Elle se tournait un instant et tu crus vraiment tomber de dix étages. Safia. La fille. Tu ignorais si la vie se jouait de toi ou si le hasard se foutait de ta gueule, mais elle était bien là. Tu aurais pu rebrousser chemin, faire demi-tour et oublier le fait de l'avoir revu depuis tout ce temps, mais tu ne pouvais tout simplement pas. Tu t'es approché, tu t'es arrêté, tu as continué et puis, tu as bloqué. Merde, tu ne savais pas quoi faire. T'étais complètement perdu et tu tentais de trouver la bonne solution. Tu ne savais même pas si elle était prête à te revoir, si elle le voulait ou si tu pouvais faire ce que tu voulais faire. Elle avait mit fin à votre histoire presque instantanément, il y avait bien une raison et cette raison devait très probablement provenir de ta personne. C'était de ta faute, tout était toujours de ta faute, si on suivait ta logique. Tu stressais à mort, tu ne savais ni quoi lui dire, ni quoi faire. Alors, comme un con, tu es entré dans cette boutique de fringues sans te rendre compte que c'était une boutique uniquement pour femme. Autrement dit, tu n'avais aucune excuse sur le fait de te retrouver ici. Tu observais les gens autour, restant à l'écart de Safia. Elle ne devait pas te voir étant donné que tu n'avais aucune idée de quoi faire à son égard. T'allais peut-être fuir. Oui, fuir, c'était une bonne idée. Non, ça ne l'était pas et tu devais le savoir. Tu ne fuyais pas, t'avais encore un minimum de dignité. Alors, tu t'es tenu droit, tu t'es raclé la gorge et tu as foncé vers elle. Mais rapidement, tu t'es retourné lorsqu'elle s'est tourné vers toi. Tu ne pouvais pas faire ça, mais une voix dans ta tête te disait que tu devais le faire. T'as froncé les sourcils et pour te cacher, tu n'as rien trouvé, si ce n'est que de regarder les vêtements. Sous-vêtements, pour être précis. Tu avais l'air con, genre, royalement. « - Pitié Safia, pitié. » Tu priais pour ne pas qu'elle te surprenne, tu voulais avoir les bons mots et la bonne attitude avec elle. Parce que Safia, elle était spéciale pour toi. Safia c'était la fille, celle que tu avais aimé comme un dingue et qui avait disparu du jour au lendemain sans te dire quoi.

« - Excusez-moi vous avez dit Safia ? » Tu paniques, te tournant vers la dame. Tu ne sais pas mentir, tu te trouves être un gars très franc qui ne gère pas ses mots et qui parlent beaucoup pour, au final, ne rien dire. Tu dis tout ce que tu penses, sans réfléchir à ce que tu dis réellement. Tu peux dire à un inconnu que c'est un con, à ta manière et t'en rendre compte cinq minutes après. T'es un peu comme un enfant qui ne se rend pas compte que les mots peuvent blesser, t'es maladroit, trop même. Tu as sursauté en entendant cette femme t'adresser la parole, ne tentant même pas de savoir ce qu'elle a pu te dire. Tu as juste retenu le prénom de Safia, c'est tout. Tu étais trop occupé à vouloir fuir et à prier pour que la rousse ne se rapproche pas de toi. Tu savais que ce n'était pas elle, tu connaissais sa voix tellement tu avais pu l'entendre auparavant. Tu observes la femme, l'air perdu -Il est clair que tu l'étais- et les mots ne venaient pas alors que généralement, ils glissaient parfaitement. « - Je.. Euh.. Oui, Safia, j'ai bien dis Safia, madame. » Tu voyais qu'elle ne venait pas des quartiers miteux, qu'elle était soignée et qu'elle devait se faire respecter. Tu n'as pas menti, ce n'était pas ton genre et tu t'es tenu droit, comme si tu te présentais à quelqu'un de très important. Sauf que tu ne connaissais pas cette femme et tu ne savais pas d'où elle venait. D'après les prix de ces sous-vêtements, elle avait de l'argent, ce que toi, tu n'avais pas. Les riches se rendent dans ce genre de magasin, tu sais ce qu'ils sont et ce qu'ils aiment qu'on fasse. Tu as pu observer cela avec l'entourage de Safia, ton ex petite-copine. . « - Brax, c'est bien toi ? » Tu sursautes à nouveau, tu te tournes et là, tu la vois. Tu ne peux, désormais, plus fuir. T'es coincé et totalement largué. Ouais, pour être largué, tu l'es. Tu te sens terriblement con. Non seulement tu t'es fait cramé, mais en plus de cela, tu te retrouves dans le rayon qui ne te correspond absolument pas. La situation peut être marrante d'un oeil extérieure, mais en attendant, tu ne trouves pas le courage de rire. Tu lui souris, gêné. Tu ne sais pas quoi lui dire, elle sait que c'est toi et tu te demandes si tu dois réellement lui répondre. . « - Safia..» C'est tout ce que tu laisses passer à ce moment, avant de reprendre. . « - Oui, c'est.. C'bien moi.»  Tu hoches la tête de bas en haut avant de reposer le regard sur elle. Safia, elle n'a pas changé, elle est toujours aussi belle et tu ne cesses pas d'y penser. . « - J'suis heureux aussi, ça faisait longtemps. » Trop longtemps. Elle t'avait manqué, terriblement même. Et même si tu ne savais pas la raison de son départ, tu ne pouvais qu'être heureux de la retrouver. Tu ne lui demandes pas ce qu'elle fait ici, la réponse, tu l'as déjà. T'es con et perdu, mais pas à ce point là. . « -  Quoi de neuf, alors ? Tout va bien de ton côté ? » On entend dans ta voix que tu stresses alors que tu n'as aucune raison de l'être. C'est Safia, pas une inconnue. Tu connais cette fille par coeur, du moins, tu l'as connu par coeur. Peut-être qu'elle a changé, qu'elle n'est plus la même en dehors du physique. . « - Tu m'as manqué. » Que tu dis calmement. Ouais, Safia t'a vraiment manqué et tu te souviens encore combien c'était compliqué de l'oublier. Tu pensais qu'elle allait revenir, mais non, tu te trompais. Tu ne lui en veux pas, tu peux comprendre : Regarde-toi, regarde-la, vous n'êtes pas du même monde et le bonheur, elle a pu le trouver ailleurs, dans son monde à elle.