What is somebody like you doing in a place like this ? ∞ Richie

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Toujours les mêmes visages, toujours les mêmes conversations. Jax doit bien se rendre à l'évidence, la bulle mondaine de Boston est un peu trop petite pour quelqu'un d'assidu. Bien sûr chaque soirée est différente, mais au fond ce n'est qu'une variation de la même soirée, avec des canapés légèrement différents à déguster et une viande avec une sauce plus ou moins originale. Le reste ne varie guère. Oh, il apprécie d'être là, c'est un moment privilégié pour se faire des contacts et rencontrer les amis d'amis qu'il ne connait pas encore, mais ce soir il n'a qu'une envie : rentrer chez lui. Rentrer chez lui et s'allonger sur le canapé avec Meadow à ses côtés et regarder un bon film une tasse de thé de rooibos et un macaron à la main. « Monsieur Snow, si vous voulez bien me suivre j'aimerais vous présenter un ami de longue date. » C'est souvent comme ça dans ce genre de soirée à but plus ou moins caritatif, on le balade d'un coin à l'autre de la salle pour lui faire rencontrer une énième personne qui pourrait ou non investir dans une des fondations qu'il représente. Ce soir l'hôte n'est pas un ami proche de Jax, c'est une vague connaissance, quelqu'un qu'il a rencontré dans une précédente soirée et qui s'est probablement dit qu'avoir l'héritier de la famille Snow apporterait à sa soirée un peu plus de paillettes et surtout un plus gros chèque à la fin. Jax est connu pour être généreux et c'est parfois la seule raison pour laquelle on l'invite. « Monsieur Snow, laissez-moi vous présenter Monsieur Ambrose. » lâche la femme de l'hôte qui s'est jointe à son mari et qui déjà l'emporte au loin vers une autre conversation qu'elle a manufacturé. C'est bien sa veine... mis en tête à tête avec ce connard. Il va bien devoir faire la conversation cinq minutes histoire de ne pas froisser l'hôtesse mais Dieu ce qu'être bien élevé le fait grincer des dents ce soir. « C'est étrange, je ne vous voyais pas du tout comme un homme charitable... » plus comme un pique-assiette qui viendrait pour profiter d'un repas gratuit à vrai dire mais Jax sait qu'il n'est peut-être pas très objectif à propos de l'homme qui se trouve face à lui.

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Il aimait tous les plaisirs, tous les vices. La luxure était son pêché et Richie n'en avait pas honte. Il le mettait même en avant et sa réputation le précédait. On disait qu'il était volage, qu'il buvait, fumait et baisait sans gêne. Hommes et femmes pour des nuits sans lendemain qui brisaient finalement d’innombrables cœurs. Et c'est à l'occasion de soirée comme celle à laquelle il était invité ce soir qu'il rencontré ses amants. Charité ou non, le trentenaire n'avait aucune retenu, son plaisir étant tout aussi important. Sapé d'un magnifique costume trois pièces et d'une cravate assortie, il fit donc son entrée dans la luxueuse demeure de son hôte et observa les invités présents d'un regard curieux et surtout indifférent pour l'instant. Après quelques pas et quelques salutations, dont la propriétaire des lieux, Ambrose attrapa au vol une coupe de champagne et s'isola dans un coin de la salle pour contempler les têtes présentes. Il en connaissait certaines, d'autres lui étaient totalement inconnus. Certaines valaient la peine de s'y pencher, d'autres non. Buvant gorgée après gorgée sa coupe, il fut rapidement interpeler par le maître des lieux. Il se redressa et sortit la main de la poche de son pantalon pour saluer ce Snow. Bien que le nom lui rappelait vaguement quelque chose, son visage, lui, le fit sourire et il ne put s'empêcher de rire. Cette situation particulièrement cocasse l'amusait. « C'est étrange, je ne vous voyais pas du tout comme un homme charitable... » Il termina sa coupe de champagne et déposa le verre sur l'une des nombreuses tables mises à disposition.

« C'est étrange, je ne vous voyais pas comme un mauvais perdant et rancunier par-dessus tout... » Lui répondit-il sournoisement en le fixant droit dans les yeux. La bienséance aurait voulu qu'il se taise mais Richie n'était pas un homme qui respectait les règles de bonnes conduites. Il siffla alors un serveur et attrapa deux nouvelles coupes pour en tendre une à son acolyte. « Puis-je au moins vous offrir une coupe ? Nous n'avons pas eu l'occasion de fête ma victoire et votre défaite. C'est l'occasion ou jamais, n'est-ce pas ? » Jaxhuem avait lancé les hostilités et l'irlandais avait surenchéri. Il ne se laisserait pas marcher sur les pieds. Personne ne le dominerait. Surtout pas un démocrate. « Alors dites-moi, comment se porte Jaxhuem Snow ? Je n'ai pas eu l'opportunité ni la chance de vous recroiser depuis cette fameuse histoire du Boston Globe. » Sourire narquois, il jouait au plus con et il était doué. Le pdg n'était pas un homme bien et le politicien en avait fais les frais. Maintenant, il savait à qui il avait à faire et Richie avait la ferme intention de remporter cette nouvelle bataille. Il était prêt à tout car chaque défi valait la peine d'être relevé, surtout lorsque cela concernait une affaire issue de son passé qui refaisait surface. Il était même fier de ce face-à-face. Il l'avait attendu. Et maintenant que Jaxhuem était devant lui, il était fin prêt à entre dans l'arène pour se défendre des attaques que ce dernier lui porterait.

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Le temps passe vite quand on s'amuse. C'est un tour joué par notre cerveau qui nous pousse à expérimenter le monde différemment en fonction de notre humeur. Jax trouve ça merdique. Lui il préférerait que le monde passe lentement quand il s'amuse et qu'il s'écoule à toute vitesse dans des situations comme maintenant. Mais il faut se rendre à l'évidence il n'a pas vraiment son mot à dire. « C'est étrange, je ne vous voyais pas comme un mauvais perdant et rancunier par-dessus tout... » rétorque Ambrose, se pensant vraisemblablement intelligent ou drôle. À l'évidence il n'est pas aussi fin d'esprit qu'il le pense. Dommage pour lui. « Je ne peux qu'imaginer votre déception... » fait-il en levant les yeux au ciel le temps d'une fraction de seconde. S'il n'était pas aussi agréable à regarder, Jax aurait déjà tourné les talons et tant pis si sa grand-tante Janet en faisait une crise d'apoplexie. Si Richie Ambrose respectait sa réputation il comprendrait que la conversation était finie et qu'il pouvait passer à autre chose. Et à l'évidence sa réputation était surfaite. « Puis-je au moins vous offrir une coupe ? Nous n'avons pas eu l'occasion de fête ma victoire et votre défaite. C'est l'occasion ou jamais, n'est-ce pas ? » demande-t-il avec un sourire qui se veut diablement sexy -et qui le serait sur n'importe qui- mais qui s'avère plus irritant qu'autre chose. S'armant de son sourire le plus poli et de son ton le plus pragmatique, Jax ne peut s'empêcher de corriger l'arrogant douchebag qu'il a sous les yeux. « Qu'on soit clair. Vous ne m'offrez rien, ça impliquerait que vous payiez. Et il n'y a pas eu de « victoire » pour vous. Peut-être pour votre employeur mais pas pour vous. » C'est ça la triste vérité, Richie Ambrose n'est qu'un pion, un minable serviteur dont les services sont utiles, certes, mais il n'en demeure pas moins un sous-fifre, quelqu'un qui ne fera jamais changer les choses. Au contraire, avec un rétrograde comme lui, les choses auraient même tendance à aller à reculons. Foutu républicain. « Alors dites-moi, comment se porte Jaxhuem Snow ? Je n'ai pas eu l'opportunité ni la chance de vous recroiser depuis cette fameuse histoire du Boston Globe. » Comment ce mec pouvait-il supporter de vivre avec lui-même ? Être aussi profondément idiot doit être invivable. Comment un type peut-il se satisfaire d'avoir le néant dans le crâne ? Ceci dit, Jax reconnaît qu'il n'est pas un opposant terrible à avoir, si plus de politiciens avaient sa gueule les débats électoraux seraient plus excitants. « Il vous suffit de suivre les informations pour savoir comment je me porte. Ce serait presque une erreur professionnelle de votre part que de ne pas chercher de la crasse à répandre sur mon nom pour la prochaine élection ? » lâche Jaxhuem sans aucune malice. Être un politicien ça veut dire être observé, il a fait l'apprentissage de ça dès son enfance parce qu'il était « fils de ». Aussi sa vie se résume-t-elle parfois plus à contrôler son image qu'à vivre. Une concession qu'il est prêt à faire si son engagement peut changer la vie de milliers -ou millions- de personnes. « Ça fait quoi de savoir que Donald Trump sera votre futur représentant ? Fier d'être républicon... cain... républicain ? » demande-t-il sans l'ombre d'un remord. Bon républicon ce n'était pas voulu, c'est une habitude que les internes du parti ont prise et ça a fini par lui rentrer dans le crâne, mais au fond la question sur Trump est presque sérieuse. Ses parents à lui étant proches d'Hillary et de Bernie, Jax a passé une bonne partie de son année à travailler sur les programmes démocrates alors, quitte à perdre son temps à discuter avec Richie Ambrose, autant le passer à parler politique, ça sera toujours plus constructif que d'écouter Ambrose se masturber dans sa complaisance.

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Sa victoire passée n'était pas celle que croyait Jaxhuem. Certes, il avait aidé son parti politique à gagner les élections, mais sa victoire était bien plus personnelle que ce vote. Il s'était corps et âme dans cette campagne. Il avait travaillé nuit et jour pour parvenir à ce résultat. Alors, bien qu'il ne soit perçu que comme un pion pour certains, Richie ne se laisserait pas abattre par des mots venu d'une personne qui ne le connaissait même pas. Il en fallait beaucoup plus pour oser le toucher, surtout concernant son métier. Par conséquent, il ne portait aucun intérêt aux paroles de son ancien adversaire et buvait une gorgée de ce fabuleux champagne avant d'être à nouveau intéresser par le démocrate. Histoire de pimenter un peu plus leur relation déjà très tendue. « Il vous suffit de suivre les informations pour savoir comment je me porte. Ce serait presque une erreur professionnelle de votre part que de ne pas chercher de la crasse à répandre sur mon nom pour la prochaine élection ? » Le trentenaire devait l'avouer, son interlocuteur avait de la répartie et il appréciait cela. D'autant plus qu'avec lui, les débats ne seraient sans doute jamais monotones. Richie sourit. Il pouvait lui laisser paraître ce qu'il désirait mais le pdg était informé. Bien plus qu'il ne le pensait mais faire croire à un manque d'informations pouvait jouer à son avantage. Il ne répondait donc rien, démontrant une certaine force d'esprit face à ces attaques. « Ça fait quoi de savoir que Donald Trump sera votre futur représentant ? Fier d'être républicon... cain... républicain ? »

Surpris, Ambrose avala sa gorgée de travers et toussa, faisant couler quelques gouttes de champagne sur sa barbe de trois jours. Machinalement, il tendit sa coupe à Jax et s'empressa de nettoyer ses maladresses avec une serviette, vulgairement déposée sur les nombreuses tables. « Nous en voilà arrivé aux insultes. Je n'aurais jamais pensé qu'un personnage de votre rang s'abaisserait à ce niveau. Comme quoi, on peut tous se tromper. » Refermant ses doigts sur la serviette, il reprit non sans brutalité son champagne pour le terminer d'une seule cuvée. Il était désormais apte à répondre à son accusateur avec tout l'aplomb qu'on lui connaissait. Trump, make america great again ! Et Richie y croyait. Il y croyait vraiment. « Trump a beaucoup à offrir à notre pays. Beaucoup plus que vous, démocrates, le pensez. Oui, il a des idées radicales. Oui, c'est parfois ahurissant et tiré par les cheveux mais, sans mesures exceptionnelles, nous stagnerons sans pouvoir jamais nous relever. On est guerre, merde ! Et il me semble être la meilleure personne pour nous en sortir que votre représentante démocrate. » Ambrose s'emportait. Il était fier de son parti, des valeurs qu'il défendait et de son représentant. Trump était l'évidence à ses yeux. Mais, bien évidement, un démocrate comme Jaxhuem Snow ne pouvait le comprendre.

« Vous devriez même lui être reconnaissant au vu de votre situation actuelle... » L'irlandais s'en prenait ainsi directement à son interlocuteur, lui qui était gay, lui qui avait vu son orientation sexuelle révélée en première page du Boston Globe à cause de Richie. « Il s'oppose à un amendement constitutionnel permettant aux États de réinterdire le mariage homosexuel. Vous devriez sauter de joie ! » Il attrapa une troisième coupe au vol. « Alors, vous pouvez nous insulter, nous rabaisser avec vos puérils 'républicons' mais, au moins, un homme prend les choses en mains pour changer notre histoire et notre avenir. » Fixant finalement Jaxhuem dans les profondeurs azurées de ses iris, il ne comptait pas baisser les bras et jouait une dernière carte avant de lui redonner la parole. Un débat était fait pour échanger après tout. « Et il serait peut-être temps d'en prendre exemple, monsieur Snow. » Termina-t-il sur un ton sec. La politique était toujours un sujet sensible. Avec le pdg s'était pire. Il défendait son parti et n'était jamais à court d'arguments. Il se damnerait pour lui. Il était prêt à tout et ce dernier l'avait déjà prouvé maintes fois.

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Sans qu'il sache ni comment, ni pourquoi, une coupe supplémentaire de champagne lui atterrit dans les mains pendant que son interlocuteur s'étouffe. Si Jaxhuem avait su que se débarrasser de Richie Ambrose était aussi facile, il l'aurait insulté des années plus tôt. « Nous en voilà arrivé aux insultes. Je n'aurais jamais pensé qu'un personnage de votre rang s'abaisserait à ce niveau. Comme quoi, on peut tous se tromper. » rétorque-t-il visiblement vexé en arrachant de la délicate poigne de Jaxhuem la coupe qu'il lui a refilé quelques instants plus tôt. C'est qu'il prend la mouche facilement pour un salopard qui ruine des vies et des carrières pour payer son loyer. Jax aurait cru de Mr. Ambrose un peu moins de susceptibilité. Faut croire que comme beaucoup le républicain sait distribuer les coups mais pas les recevoir. Rien de très étonnant. « Quelque chose me dit que vous vous trompez souvent. » murmure-t-il un peu narquois en portant la coupe en cristal à ses lèvres, sirotant le blanc de blanc avec une certaine délectation qu'il tire plus de voir son opposant s'énerver que de la boisson qu'il déguste. « Trump a beaucoup à offrir à notre pays. Beaucoup plus que vous, démocrates, le pensez. Oui, il a des idées radicales. Oui, c'est parfois ahurissant et tiré par les cheveux mais, sans mesures exceptionnelles, nous stagnerons sans pouvoir jamais nous relever. On est guerre, merde ! Et il me semble être la meilleure personne pour nous en sortir que votre représentante démocrate. » Et voilà. Voilà pourquoi les gens comme lui méritent le titre de républicons. Ils sont incroyablement crédules et se laissent berner par un peu de poudre aux yeux. Enfin, dans le cas de Trump c'est plus de l'auto-bronzant orange à la gueule mais qu'importe. On leur dit que c'est la guerre et ils sont déjà dans leur bunker à contrôler à distance un tank ou un nuke. Jax exècre ce genre de preneur de décision qui ne pense qu'à court terme et qui cause plus de dégâts qu'il n'en répare. « C'est le problème des républicains ça, vous ne voyez que la violence et vos chers ak-47 pour résoudre la situation... Même quand ce sont ces ak-47 qui ont causé le problème in the first place. » répond-il sans l'ombre d'une hésitation. Mais quand Richie lance la bombe : « Vous devriez même lui être reconnaissant au vu de votre situation actuelle... » Les yeux bleus -dont l'un souffre d'hétérochromie- de Jax s'écarquillent alors qu'un sourire désabusé est placardé sur ses lèvres. Il ne veut pas être méprisant, c'est pas son genre, mais son interlocuteur le cherche un peu là. « Reconnaissant ? » lâche-t-il en s'étouffant à moitié devant l'incongruité de la conversation. Ce qui n'empêche pas Ambrose d'expliciter ce qu'il veut dire. « Il s'oppose à un amendement constitutionnel permettant aux États de réinterdire le mariage homosexuel. Vous devriez sauter de joie ! » Tout ça n'a aucun sens. L'argumentaire pourrait être efficace s'il était adressé à quelqu'un qui n'avait aucune connaissance de la scène politique et des idées défendues par chacun. « Contrairement à ce que vous pensez, nous les hommes politiques, ne pensons pas qu'à notre petite situation. Je ne suis pas un homosexuel avant tout. Et si les autres candidats de votre parti n'étaient pas aussi arriérés, la vague tolérance de Trump ne paraîtrait pas fantastique. » C'est une erreur commune de la part des électeurs que de penser que les hommes politiques se battent pour promouvoir ce qu'ils sont et uniquement ce qu'ils sont. Jaxhuem est préoccupé par le sort de la communauté LGBTQ+ mais ce n'est pas sa priorité. « Alors, vous pouvez nous insulter, nous rabaisser avec vos puérils 'républicons' mais, au moins, un homme prend les choses en mains pour changer notre histoire et notre avenir. » Il lève les yeux au ciel. Si Richie Ambrose croit en ça, il n'y a pas vraiment de raison pour lui de se tuer à tenter de lui faire comprendre la bêtise de ses positions. « Et il serait peut-être temps d'en prendre exemple, monsieur Snow. » Ça c'est la goutte d'eau. Tâchant d'employer le ton le plus désabusé et le plus détaché qui soit, Jax répond : « Prendre exemple sur un sexiste, raciste qui change d'avis comme de chemise en fonction de ce qu'il croit que l'interlocuteur veut entendre ? Non merci j'ai trop d'intégrité pour prendre exemple sur ça. » Il n'honore même pas Trump d'un pronom personnel. « Mais je sais comment vous faites votre travail alors j'imagine bien que l'intégrité n'est pas quelque chose qui vous étouffe... » glisse-t-il sans l'ombre d'un remord. Jax a fait l'expérience de ce manque d'intégrité il y a près de deux ans et il doit admettre qu'il l'a encore en travers de la gorge. Depuis il s'est renseigné sur celui qui a lâché la presse sur la trace de son homosexualité et ce qu'il a découvert n'est pas glorieux. Pas glorieux pour un homme de valeur comme lui du moins. « Vous devriez peut-être vous calmer sur la descente, vos clients n'aimeraient probablement pas que vous commenciez à déblatérer leurs pires secrets parce que vous avez trop bu... » commenta-t-il un peu amusé par la quantité d'alcool qu'Ambrose avale. Lui entame sa deuxième flûte de la soirée alors que Richie en a bu deux devant lui en moins de cinq minutes. Pas qu'il refuserait d'entendre les dirty little secrets des adversaires politiques de ses camarades, m'enfin, c'est pas son genre de profiter de la faiblesse d'un pauvre type.

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Réveillé la bête n'avait pas été si compliqué. Ces démocrates s'emportaient bien trop souvent dès qu'on s'attaquait à eux. Richie en avait déjà fais l'expérience et, avec Jaxhuem, il n'avait pas manqué d'étayer sa théorie. Pourtant, Snow ne semblait pas prendre la grosse tête, ni être en colère. Un politicien dans toute sa splendeur. Garder son sang-froid en toute situation était un art qu'il se devait de maîtriser et son acolyte semblait tout à fait le maîtriser. « Prendre exemple sur un sexiste, raciste qui change d'avis comme de chemise en fonction de ce qu'il croit que l'interlocuteur veut entendre ? Non merci j'ai trop d'intégrité pour prendre exemple sur ça. Mais je sais comment vous faites votre travail alors j'imagine bien que l'intégrité n'est pas quelque chose qui vous étouffe... » L'irlandais éclata de rire, posant même une main amusé sur l'épaule de Jax pour soutenir son amusement face à ses propres mots. Car oui, il était peut-être politicien, mais au moins il avait un sacré sens de l'humeur pour oser parler d'intégrité à un homme qui n'en manquait pas. « Vous devriez peut-être vous calmer sur la descente, vos clients n'aimeraient probablement pas que vous commenciez à déblatérer leurs pires secrets parce que vous avez trop bu... » Richie se remettant de la blague de son adversaire politique, il fixa sa troisième coupe quelques secondes avant d'en boire une gorgée et signifiait ainsi à son interlocuteur qu'il n'en avait que faire de ses conseils. Du sang irlandais coulait dans ses veines ! Et ce n'était pas trois coupes qui le retourneraient aussi facilement.

Reprenant peu à peu son sérieux, le pdg s'éclaircit la gorge, prêt à prendre la parole, lorsqu'un serveur les interrompit avec ces toasts. D'un geste sec, il lui somma de déguerpir. « Mon intégrité n'a jamais été la question, monsieur Snow. La vôtre en revanche... » Faisant clairement référence aux dernières élections perdues par le démocrate, Richie ne se sentait pas concerné par les propos diffamatoires de son interlocuteur et il allait lui prouver qu'entre eux deux, le moins intègre n'était pas celui qu'il croyait être. « Tout le monde sait qui je suis et ce que je fais. Je ne me suis pas caché. Tout le monde sait que je me bats pour mes clients. Je suis honnête avec moi-même, avec les autres, avec tout le monde. Depuis toujours. Depuis que j'ai commencé dans le métier. Chacun des invités ici présent sait à quoi s'attendre de moi. Du meilleur comme du pire. » Le pire le faisait d'ailleurs toujours sourire. Il but une gorgée de son champagne. « Alors celui qui s'est caché pendant des années, celui qui a menti à ses citoyens pendant ce même lapse de temps et qui s'est vu mis à nu par un article de presse devrait se regarder en face avant de sous-entendre le manque d'intégrité d'un autre que lui. » Richie était franc, direct. Il ne prenait aucun gant car la vérité brute, dite en face-à-face, avait toujours un meilleur goût que celle dissimulée derrière des mots calculés. Sans regret, le trentenaire répliquait. Il n'allait pas se laisser démonter par un homme qui ne pouvait même pas se regarder dans un miroir avant de juger son adversaire. Fier de sa tirade, Ambrose rappela finalement le serveur et se servit en toasts et amuses-bouches pour continuer cette soirée sur une note un peu plus gastronomique.

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« Mon intégrité n'a jamais été la question, monsieur Snow. La vôtre en revanche... » le reproche dans sa voix est comme une gifle. Une punition qu'un enfant n'aurait pas vue venir et qui l'aurait percuté de plein fouet. Qu'on critique ses positions sur la scène politique est normal, c'est le jeu, qu'on questionne ses décisions aussi. Mais en dehors de l'arène qu'on mette en doute son intégrité le perturbe complètement, surtout quand c'est d'un type comme Richie Ambrose que vient le commentaire. Jax n'a pas le temps de reprendre ses esprits que son interlocuteur en rajoute une couche et se lance dans une tirade. « Tout le monde sait qui je suis et ce que je fais. Je ne me suis pas caché. Tout le monde sait que je me bats pour mes clients. Je suis honnête avec moi-même, avec les autres, avec tout le monde. Depuis toujours. Depuis que j'ai commencé dans le métier. Chacun des invités ici présent sait à quoi s'attendre de moi. Du meilleur comme du pire. » Ça, ça le fait sourire, Jaxhuem a bien compris qu'Ambrose voulait qu'on le laisse monologuer, comme tout bon idiot qui se respecte, le son de sa voix est de loin ce qu'il préfère. Profitant du moment pour boire une gorgée de champagne, Jax se rend compte qu'il a presque fini la flûte. Faut dire qu'être en compagnie de Richie Ambrose ça donne soif pour plusieurs raisons. La première c'est qu'il est sacrément sexy, la seconde c'est qu'il faut lui expliquer les choses en détails pour qu'il comprenne et la troisième c'est que face à un type aussi entêté l'alcool semble la meilleure solution pour ne pas devenir fou. « Alors celui qui s'est caché pendant des années, celui qui a menti à ses citoyens pendant ce même laps de temps et qui s'est vu mis à nu par un article de presse devrait se regarder en face avant de sous-entendre le manque d'intégrité d'un autre que lui. » conclût le républicain visiblement fier de lui. C'est bien le genre de la maison de prendre son pied à marcher sur les gens, à écraser les autres en espérant que ça les fera apparaître meilleurs qu'ils ne le sont. Mais Jax n'est pas du genre à se laisser faire et surtout pas par un mec qui juge sans savoir. Souhaitant tout d'abord revenir sur une réflexion qu'il trouve viciée car manquant de fondement intellectuel solide, Jax assène le premier coup. « Ce n'est pas parce que tout le monde s'attend à ce que vous soyez le dernier des salauds que ça veut dire que c'est une bonne chose de l'être. C'est pour ça que Trump ne peut pas gagner, tout le monde sait que c'est un irresponsable et ça ne fait pas de ce trait de caractère une qualité. » Au fond Jax ne dit pas que Trump ne peut pas au sens « il n'y a aucune chance », mais plutôt au sens de « il ne doit pas gagner ». Il entend déjà Ambrose répondre un truc bien bas sur Hillary Clinton et ça ne prouverait que la faiblesse de son candidat de ne pas pouvoir être défendu sur la base de ses dires mais au contraire d'avoir besoin d'être toujours comparé pour embellir le tableau. « Vous confondez il me semble votre honnêteté -un peu exagérée- qui vous pousse à cracher sur les gens sous prétexte que ne pas dire exactement tout ce qui vous passe par la tête serait « mentir » et l'intégrité qui implique une dimension morale dans les choix que l'on fait. Ma sexualité n'a jamais interféré avec mes décisions politiques, c'est ça être intègre. Mais je ne m'attends pas à ce que vous compreniez. » explique-t-il d'un ton légèrement pédant mais qui se veut clair. Faut dire qu'il est un peu fatigué d'entendre de la bouche de tout le monde qu'untel -démocrate ou républicain- est malhonnête parce qu'il n'a pas dit ceci ou cela. Dans son cas, sa sexualité n'a rien avoir avec la décision d'allouer des permis de construire, des bourses d'études ou de faire passer une loi visant à booster le marché de l'emploi. Mais quelqu'un d'aussi étroit d'esprit que Richie Ambrose ne peut probablement pas accepter que sa vision manichéenne du monde ne soit pas la vérité. « Si vous permettez, je vais aller fumer une cigarette. Je vous conseille d'aller cuver votre alcool dans un coin, en silence si possible. Vous êtes bien plus agréable à regarder quand vous vous taisez. » finit-il en tournant les talons, sans serrer la main en signe d'au revoir à son interlocuteur. Jax a été poli assez longtemps, personne ne lui en voudra de ne pas occuper une « nouvelle rencontre » pendant toute la soirée.

L'air frais de la nuit estivale sur son visage lui arrache un petit soupir de satisfaction. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Jax a allumé une cigarette et il sirote sa -troisième- coupe de champagne en s'appuyant contre la balustrade du balcon, étonnamment désert, de l'immense loft aménagé en galerie d'art qui sert de réception au gala de charité. Situé au vingtième étage, la vue qu'il offre sur le tout Boston est imprenable et Jaxhuem sourit en portant sur sa ville un œil bienveillant. Cette soirée n'aurait pas pu se passer plus mal. Il n'aurait pas pu tomber sur pire rencontre que Richie. Mais que diable lui a-t-il pris de lui dire qu'il le trouvait « agréable à regarder » ? Ce n'est qu'en se retournant parce qu'un bruit de pas a attiré son attention que Jax laisse échapper un « Sérieusement ? » désabusé en voyant Richie dans l'encadrement de la porte. Quoi ? Cinq minutes de discussion et il ne peut déjà plus se passer de leur joute verbale ?

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Comme à son habitude, Jaxhuem répliqua. Comme tout politicien en perte de terrain, il surenchérissait les propos de l'irlandais car ce dernier savait qu'il avait raison. Le démocrate semblait juger les autres avant de se regarder lui-même et l'hypocrisie paraissait être un trait de caractère prédominant chez les démocrates. En effet, le politicien semblait particulièrement se distinguer dans ce domaine et Richie n'appréciait guère être catalogué par un homme qui ne faisait pas face à sa propre réalité. Qu'il nettoie sa merde avant de venir se plaindre à lui ! « Si vous permettez, je vais aller fumer une cigarette. Je vous conseille d'aller cuver votre alcool dans un coin, en silence si possible. Vous êtes bien plus agréable à regarder quand vous vous taisez. » Il le laissa partir, sans dire un mot, ni même le regarder, préférant déguster ses toasts et boire quelques gorgées de son champagne. Cependant, sa soudaine solitude fut rapidement interrompu. Une femme cette fois-ci. D'un certain âge qui plus est. Mais républicaine. Un miracle après l'ouragan Snow que de converser avec une allié. Richie l'avait déjà croisé lors de plusieurs soirées du parti pour lever des fonds. Alors il l'accompagna volontiers à une table, en charmant gentleman et avec élégance, pour discuter potins, ragots et rumeurs. Et le pdg n'était pas les plus informé. En effet, la vieille dame le fit part de ses nombreuses révélations croustillantes sur la haute société de Boston. Autant dire que c'était le Graal pour un homme comme Ambrose. Un véritable trésor qu'il s'empresserait de garder en mémoire pour les années à venir afin d'avoir toujours une longueur d'avance.

Cet échange terminé, le trentenaire déposa sa troisième coupe vide et fit quelques pas parmi la foule d'invités. Cependant, son regard fut rapidement attiré vers cette silhouette qui se dessinait dehors, sur le balcon, et une clope ne pourrait lui faire que du bien. Mains dans les poches, plus détendu que jamais, Richie s'avança vers l'espace extérieur qu'offrait cet endroit. Il s'arrêta dans l'encadrement de la porte et s'y posa, se croyant silencieux alors qu'il ne l'était pas. « Sérieusement ? » Il lui sourit, charmeur et charmé. Il ne répondit rien. Cette fois-ci parce que sa peur du vide lui prenait les tripes. Il ne riait plus. Il ne bougeait plus et tentait de garder bonne figure. S'il ne s'avançait pas, il pourrait faire face à sa phobie. S'il restait dans l'encadrement de la porte, il survivrait et ne paniquerait pas. « Je peux vous en prendre une ? A moins que vous ne pouviez accepter de partager votre butin avec un républicain... » Il n'y avait aucune méchanceté, aucun sarcasme, ni même une once de colère dans sa voix. Richie s'était calmé. Jaxhuem semblait toujours sur le qui-vive et puisqu'il était si buté, le pdg devait prendre sur lui et s'avancer. Il fit donc un premier pas sur le balcon. Puis un deuxième. Mais ne regarder jamais dans le vide. Il se tenait à la balustrade et se retrouva difficilement en face du démocrate. « Vous êtes devenu muet ? »

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« Je peux vous en prendre une ? A moins que vous ne pouviez accepter de partager votre butin avec un républicain... » Voilà que maintenant Ambrose venait lui taxer une clope. Ce n'est pas tellement le fait qu'on lui demande une cigarette ou que ce soit un républicain. Mais plutôt que ce soit Richie Ambrose -le mec qui lui a volé une élection- qui vienne lui demander quelque chose ? La pilule a un peu de mal à passer. Quand il y pense, Jaxhuem n'a jamais été un grand rancunier, il n'a jamais su rester en colère contre quelqu'un pendant longtemps. Probablement parce que jusqu'à présent seules des personnes qu'il connaissait et aimait lui avaient fait des crasses. Richie Ambrose est un inconnu, un inconnu qui aurait pu ruiner sa carrière indéfiniment. Se retrouver face à lui, deux fois dans la même soirée, c'est presque un comble. À la lumière plus tamisée de l'extérieur, Jaxhuem ne peut s'empêcher d'admirer les angles du visage de l'intrus. Dieu, s'il n'était pas aussi insupportable il serait la tentation incarnée. « Vous êtes devenu muet ? » ajoute-t-il devant l'absence de réponse de la part de Jax. Cet interpellation le fait sortir de sa torpeur. « C'est les républicains qui sont réputés pour être radins. » marmonne-t-il passablement agacé que sa contemplation ait été interrompue. Il tend sa flûte à Richie, histoire de pouvoir fouiller les poches de son pantalon et celles de sa veste à la recherche du nécessaire. « Elle s'appelle revient. » avertit-il avec un léger sourire. Voilà qu'il se montre sympathique avec celui qui a ruiné sa vie. C'est probablement la chose chrétienne à faire, tendre l'autre joue ? Exaspérant. Être élégant pendant qu'il fouille ses poches relève du défi. Et lorsqu'il met enfin la main sur son paquet de cigarettes, il est forcé de constater que son briquet n'est pas dedans. Refourgant le paquet à Richie, qui lui sert à cet instant de vide poche il en a bien conscience, Jax fouille chacune des poches intérieures de sa veste de costume avant de localiser le fameux zippo aux armoiries de sa famille. « Sortez-en une pour moi aussi, pendant que vous y êtes. » dit-il avant de récupérer sa flûte de champagne et de libérer une des mains de celui qui parasite quelque peu sa soirée. Une fois qu'il a récupéré le paquet -plus léger de deux cigarettes- Jax ne peut qu'attendre que Richie ait fini d'allumer sa clope. « C'est bien dommage que vous soyez un asshole pareil, je suis sûr qu'en vous donnant un peu de mal vous pourriez être sympa. » dit-il avec un large sourire amusé. Jax n'est plus d'humeur à se disputer pour ce soir. Il n'y a pas de victoire possible avec un gars comme Richie Ambrose et malgré l'entêtement dont il sait faire preuve, Jaxhuem n'a pas envie de se fatiguer. S'ils arrêtent de chercher à s'étriper le temps d'une cigarette, ça ne passera que plus vite et ne sera donc que moins pénible. En attendant, il aimerait bien récupérer son briquet, son bâtonnet de tabac ne va pas s'allumer tout seul.

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« C'est les républicains qui sont réputés pour être radins. » Richie était bien trop préoccupé par sa peur pour répondre. Il se répétait sans cesse en penser de ne pas regarder en bas et de tourner le dos au vide pour ne pas avoir à le faire par mégarde. Se tenant fermement avec les deux mains, le pdg se focalisa sur Jaxhuem, la seule personne ici présente et qui pouvait lui faire éviter de penser à sa phobie. Malheureusement, ce dernier lui donna sa coupe qu'il réceptionna avec maladresse. Son cœur faisait des bonds dans sa poitrine. Plus qu'une. Une seule main pour le retenir. Il flippait à mort mais le cachait tant bien que mal. Surtout bien pour l'instant mais les choses pouvaient toujours déraper. « Elle s'appelle revient. » Il lui sourit. Légèrement. Il n'était pas radin, contrairement à ce qu'il croyait concernant les républicains. Pourtant, encore une fois, il ne répliqua pas car maintenant qu'il avait les deux mains prise et plus aucune attache à laquelle se rattraper, le trentenaire se retrouvait dans une situation qu'il aurait espéré éviter. Il prenait un grand bol d'air, fermant les yeux quelques secondes tandis que, dans sa tête, les phrases "ne regardes pas derrière toi" et "ne regardes pas en bas" se répétaient sans arrêt. Mal à l'aise, à la limite de la crise de nerf et d'un cri de panique, il prenait sur lui et faisait toujours bonne figure. Comme il savait, l'apparence avait son importance et il ne voulait certainement pas paraître faible devant ce type. « Sortez-en une pour moi aussi, pendant que vous y êtes. » Le stress montait. Et bien que Jax reprit sa coupe, il lui fila à la place son briquet. Un briquet que Richie aurait sans doute admirer au vu des armoiries mais qui, pour le coup, passait complètement à la trappe. Sourire crispé, il sortit maladroitement deux cigarettes et en donna une avec hésitation au démocrate. « C'est bien dommage que vous soyez un asshole pareil, je suis sûr qu'en vous donnant un peu de mal vous pourriez être sympa. »

Toujours aucune réaction. Jaxhuem devait s'interroger. Mais l'irlandais n'y pensait pas. il se concentrait sur sa clope tentant en vain de l'allumer car le vent l'en empêchait. Il avait beau placer sa main, il ne s'en sortirait pas. La seule option envisageable le terrifiait. Mais trop fier pour avouer ses peurs, il se retourna, faisant désormais face au vide. Gardant la tête haute, il résistait et faisait face à sa peur sans dire un mot. Intérieurement, il était mal. Cependant, il réussit quand même à allumer sa cigarette avec grand soulagement. Alors qu'il s'apprêtait à tendre le briquet à son propriétaire, son regard dévia vers le vide qui l'emporta immédiatement. Le souffle coupé, l'esprit figé, il lâcha le zippo qu'il suivit comme un con dans sa chute et qui provoqua chez lui une réaction inattendue. Il s'accroupit aux pieds de Jax et respira fortement en gardant ses deux mains sur la balustrade avec la clope entre ses doigts. « Je peux pas... Je peux pas... » Marmonnait-il dans sa barbe. « Je peux pas faire ça, bordel... » Terrifié, il s'assit par terre et s'adossa à la balustrade. Il frappa plusieurs fois sa tête dessus, s'insultant lui-même en pensée. Les mains tremblantes et le souffle toujours saccadé, Richie dirigea sa cigarette entre ses lèvres. Il en avait besoin. Trop besoin. Et il avait honte, si honte qu'il n'osait regarder Jax. Ce dernier devait prendre son pied. L'enfoiré qu'il connaissait était démuni, vulnérable et faible, à l'opposé de son comportement habituel. Passant une main dans ses cheveux, il se calmait. Il essayait en tout cas. Mais cette sensation de se sentir partir avec le briquet l’obnubilait encore. Comment avait-il pu être aussi con ? Comment avait-il pu se laisser distraire par ce Jaxhuem Snow ? Pourquoi l'avait-il rejoint sur ce putain de balcon alors qu'il avait une peur panique du vide ? « Quel con ! » Surenchérit-il.

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L'absence de réaction est étrange, Richie Ambrose l'a habitué à mieux. Mais c'est plus l'attitude que l'absence de réaction du républicain qui met la puce à l'oreille de Jax. On dirait presque que quelqu'un lui a mis un coup de poing dans le ventre et lui a coupé le souffle -en même temps que la langue-. La main vacillante au moment de lui rendre son briquet intrigue Jaxhuem mais il n'a même pas le temps de le saisir que déjà les doigts de Richie s'ouvrent et le laissent tomber. Un O se dessine sur les lèvres de Jax alors qu'il suit des yeux le briquet dont il n'entend même pas le son de l'impact sur le sol vingt étages plus bas. Déjà il s'accroupit, visiblement mal, sans que Jax ne sache d'où vient la peine. « Je peux pas... Je peux pas... » qu'il marmonne alors que Jax se penche vers lui et un peu bêtement peut-être -ou tout simplement parce qu'il n'y a rien d'autre à demander quand on ne comprend pas ce que dit son interlocuteur- demande : « Quoi ? » sans savoir si Ambrose l'entend, s'il est seulement en état de l'entendre. L'absence d'explication quant au soudain changement d'attitude laisse Jax hautement perplexe, même s'il se rend évidemment compte que Richie n'est pas en train de simuler son malaise. « Je peux pas faire ça, bordel... » comprend-il mieux maintenant qu'il s'accroupit à côté du malade. Il ne sait pas de quoi il parle mais quelque chose le panique de façon assez claire. La seule déduction qui vienne à l'esprit de Jax est que ça a quelque chose à voir avec la cigarette. Parce que lui est complètement à l'aise à regarder vers le seul, jamais il ne lui viendrait à l'esprit qu'Ambrose ait le vertige. Et même s'il y pensait, il débouterait l'idée tout de go. Ça n'aurait pas de sens pour lui que le républicain soit venu sur le balcon alors qu'il savait pertinemment avoir le vertige. « Fumer ? Personne ne vous y oblige ! » répond-il avec un petit sourire, histoire de détendre l'atmosphère qui le met un peu mal à l'aise, alors que l'autre occupant du balcon est occupé à se taper la tête contre la balustrade. Ce n'est vraiment pas comme ça qu'il avait imaginé la soirée se passer.« Quel con ! » s'exclame Ambrose visiblement pas amusé et plus pour lui qu'à Jax qui l'aurait plutôt mal pris de se faire insulter alors qu'il vient d'offrir une cigarette, de perdre son briquet dans l'affaire et qui maintenant montre de la compassion à un mec dont il n'est pas sûr qu'il la mérite. « Est-ce que je... ? » Jax ne finit même pas sa phrase. Il a compris, ou du moins il pense avoir compris. Les tremblements, les gestes saccadés, la sueur sur le front. Une crise de panique en bonne et due forme. « Hey. Stop. Regardez moi. Juste moi. » Ses yeux -majoritairement- bleus cherchent ceux d'Ambrose. Jax commence à paniquer. Ne pas savoir quoi faire est une de ses hantises. On lui a toujours dit qu'il fallait occuper l'esprit et détourner l'attention de la victime pour que le cerveau se recalibre sur le présent et pas sur la peur. Jax lui volerait bien la cigarette qu'il a allumé et la lui écraserait bien sur la main, la douleur est un bon moyen de ramener quelqu'un à la réaliét. Mais ayant perdu son briquet ils ne pourraient plus les rallumer. « Richie... » murmure-t-il pour attirer son attention avant de s'approcher et de l'embrasser sans crier gare. Quoi ? C'est pas comme si l'idée ne lui avait pas traversé l'esprit il y a deux ans, pendant la campagne, et même s'ils venaient de passer une partie de la soirée à se bouffer le nez, même si Richie Ambrose reste quelqu'un que Jax ne porte pas dans son coeur, l'envie est encore là. Il a aussi envie de le frapper, mais ça finirait par lui retomber dessus. Avec un baiser il promet le choc sans la douleur. Personne ne s'étant plaint de ses baisers par le passé -à part un ex qui trouvait que la barbe de trois jours était irritante- Jax en déduit que ce n'est pas une torture que d'avoir ses lèvres contre les siennes. Et même s'il regrette déjà son geste -Richie pourra maintenant dire au Boston Globe que Jax est un violeur en puissance qui profite des gens quand ils sont au plus bas-, il est presque sûr que l'objectif de distraction sera atteint. Il faut bien qu'il se rende à l'évidence alors qu'il s'éloigne du visage de Richie, il aura peut-être rempli l'objectif distraction mais c'était probablement une erreur de sa part.

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Richie était au plus mal. Jamais encore il n'avait était aussi con devant une assemblée qui pourrait le fusiller du regard et juger son comportement derrière son dos. Lui qui savait que l'image était importante se voyait dans une impasse sans pouvoir agir puisqu'il était au plus haut point paniqué à ne plus pouvoir bouger. Installé contre la balustrade, il marmonnait dans sa barbe et s'insultait comme un moins que rien. Il a voulu joué au plus malin avec Jax, il s'en mordait maintenant les doigts. Pour le coup, il n'avait pas assez réfléchi et n'avait plus repensé aux vingt étages qui le séparait de la terre ferme. « Hey. Stop. Regardez moi. Juste moi. » Le pdg avait le regard vide, son esprit vagabondait en repensant sans cesse à ce vide fulgurant qui l'emportait et le paniquait. Il n'arrivait même pas à écouter Jaxhuem tellement sa peur était grande. « Richie... » Et finalement, il fixa son ancien adversaire dans les yeux, parcourant la beauté de ces derniers avec délectation. Puis les lèvres du démocrate effleurèrent soudainement celles du trentenaire qui ne réagit pas immédiatement. Il se laissa porter par ce baiser et en oublia totalement ses peurs pour se concentrer sur ce geste imprévu mais fortement apprécié, au plus grand damne de l'irlandais. Fermant les yeux un instant, il voguait vers d'autres horizons. Le vide n'était plus qu'un vaste souvenir et Richie commençait enfin à se détendre. Contre toute attente, le baiser volé de Jax l'avait calmé et lui provoquait même cette sensation étrange dans le bide. Une sensation qui ne s'atténua pas dès lors que les lèvres du politicien se détachèrent des siennes. Au contraire, elle perdurait malgré la distance et signifiait bien plus de choses qu'il ne voudrait le croire.

Les yeux toujours fermés, Ambrose se mordit la lèvre inférieure. Une seconde d'égarement qu'il rectifia en un instant en fixant à nouveau son interlocuteur qui était toujours face à lui. Neutre, il ne laissa rien transparaître sur l'effet de son baiser mais observa tout de même le trait du visage de cet homme qu'il méprisait. Il se racla la gorge et se redressa contre la balustrade en prenant soin de ne pas regarder encore une fois derrière lui. Il prit un grand bol d'air et se retrouva la seconde suivante avec sa clope entre ses lèvres. Il en prit une bouffée et la tendit ensuite à Jaxhuem puisqu'il n'avait pas pu allumer la sienne. Un geste amical. Une sorte de remerciement sans avoir à prononcer ces mots qui lui irritaient la gorge. « Ça vous prends souvent d'embrasser les gens comme ça ? » Demanda-t-il tandis qu'il retournait lentement vers l'encadrement de la porte. Un lieu sûr pour éviter une autre crise. Un endroit parfait d'où il pourrait reprendre son statut 'républicon'. « Pas que cette approche m'ait surpris... Enfin si... Mais... Merci. » Voilà, il l'avait sorti. Il avait enfin réussi à le dire sans pour autant être mal. Il saluait la performance de son acolyte et le remerciait pour son baiser qui alimenterait ses rêves et ses fantasmes pendant quelques nuits. Le démocrate l'avait chamboulé, il lui avait fait ressentir des choses étranges qu'il ne comprenait pas et qu'il ne voulait surtout pas comprendre. Pour ne pas déblatérer plus longtemps à ce sujet, Richie attrapa donc sa quatrième coupe de champagne qu'il but de moitié en une seule gorgée.

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Il lui a rendu son baiser, right ? Jax n'a pas rêvé, si ? C'est pas comme s'ils étaient restés une heure à se peloter, ça a duré quoi ? Dix secondes ? Mais il a clairement senti les lèvres de Richie répondre à la pression, il a entendu le son distinctif de l'air se hisser à nouveau à l'intérieur de la cavité buccale de Richie après que celui-ci ait exercé une certaine pression en retour. Au fond, il sait bien que ce n'est pas le plus important. De même que la perte de son zippo customisé n'était pas la chose la plus importante quand Ambrose faisait une crise de panique. Maintenant c'était à son tour de paniquer. De prendre conscience de la stupidité de ses actions. Il a bien vu le mordillement de lèvre, il l'a peut-être imaginé après tout. « Ça vous prends souvent d'embrasser les gens comme ça ? » demande-t-il sans avoir pourtant l'air d'être trop bouleversé ni même chamboulé par la découverte, avant d'ajouter : « Pas que cette approche m'ait surpris... Enfin si... Mais... Merci. » C'était bien la dernière chose à laquelle s'attendait Jax. Un républicain qui le remercie, à part à la fin d'un débat parce que l'étiquette l'exige, il n'a jamais vu ça. « De rien ? Je suppose. » répond-il avec un sourire la clope déjà au bec. Il inspire et expire la fumée comme s'il en avait besoin après ce baiser. Après deux lattes Jaxhuem décide qu'il est temps pour lui de se retirer. Il a un dîner avec Joss auquel il doit se rendre demain et puis, honnêtement, la soirée lui a donné tout ce qu'elle avait à donner. Tendant la main, un sourire qui se veut franc et pas trop gnangnan aux lèvres Jax balance un : « Au revoir Monsieur Ambrose. J'ai comme le sentiment qu'on se reverra bientôt. » qu'il espère légèrement mystérieux. C'est pas tant qu'il aime teaser ce genre de choses, mais Jaxhuem aime bien se dire que (peut-être) Richie Ambrose sera sur le qui-vive et qu'il attendra avec un minimum d'impatience leur nouvelle rencontre. Une rencontre durant laquelle Jax en est sûr, ils s'engueuleront à nouveau, que rien n'aura changé. Qui confirmera, en dépend de l'envie de recommencer que Snow éprouve, que ce baiser ne voulait rien dire. Ayant serré la main de son opposé idéologique, Jax éteint la cigarette, tapote délicatement sur l'épaule d'Ambrose et disparaît parmi la foule, déposant un chèque de cinquante mille dollars à l'hôtesse en s'excusant de devoir partir si tôt.

Il n'a plus qu'une envie, être seul, dans son lit pour pouvoir se refaire la scène et peut-être imaginer ce qui aurait pu se passer dans une réalité alternative. Ça ou tomber la boîte de chocolats Godiva en regardant un film à côté de Meadow. C'est peut-être même un meilleur plan, ça lui évitera de passer une heure à cogiter au sujet de Richie Ambrose...